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Qui a intérêt à réfléchir à l'avenir des églises ?

  • Anne-Sophie Hourdeaux
  • 5 avr. 2020
  • 2 min de lecture

Je me rends compte que ce sujet peut crisper. J'entends les critiques : "Pourquoi penser autre chose que le culte dans une église ? Ne bradons pas la foi, l'eucharistie est centrale, l'église est sacrée" ; "Les affectataires (le curé) sont prioritaires dans l'usage donc les mairies ont obligation de faire les travaux" ; "Un jour, la pratique religieuse reviendra"... Bien sûr, ces arguments sont recevables. Mais pour moi, ils empêchent d'avancer. Certaines églises sont "indéboulonnables", elles resteront lieux de culte fréquentés, rayonnantes, missionnaires, c'est indéniable. Mais les autres ? Ces projets de reconversion ou de polyvalence ne concerneront sans doute que très peu d'églises, mais il faut de toute façon les anticiper avant que nos bâtiments ne s'écroulent !


La question centrale pour moi est : de quoi a besoin ce monde ? Il ne s'agit pas seulement de regarder le nombril de l'Eglise. De plus, si on se concentre sur le culte dans nos bâtiments, sommes-nous véritablement missionnaires ? Ne faisons pas l'autruche, la baisse des vocations est réelle et durable, la baisse des pratiquants et leur vieillissement aussi.


Pour comprendre en quoi ce sujet de reconversion des églises ou polyvalence d'usage des églises est et sera fondamental dans notre société, je pense important de poser les intérêts de chacun. Et ils sont multiples !


Selon moi, chacun y trouvera son compte : -Avec des projets qui attireront les investisseurs, les mairies empêcheront leurs églises de s’écrouler (elles en sont souvent propriétaires, avec obligation d'en effectuer les travaux). Elles sauveront un patrimoine important, souvent repères dans la ville, le village. Elles donneront du dynamisme au quartier concerné, et pourquoi pas de l'emploi selon le projet retenu.

-Les universités trouveront un nouveau terrain de jeu et de formation pour leurs jeunes. Les étudiants pourraient y trouver des applications pratiques, comme par exemple les élèves architectes. Par exemple, lécole d'architecture de Lille a déjà mené un projet avec des élèves concernant l'église Saint-Gérard de Wattrelos.

-Les diocèses sauveront leurs églises (ils sont aussi propriétaires concernant les églises bâtis après 1905). Que l'église soit désacralisée ou pas, les diocèses y conserveront des valeurs chrétiennes, sans vendre leurs bâtiments mais en étant partenaires de projets pour tous. Cela changera l'image de l'Eglise, plus proche des gens, avec une dimension de service, de diaconie tout à fait en phase avec le charisme chrétien.

-Les habitants trouveront un lieu de vie et d’emploi. Si l'église devient bibliothèque, marché, maison des musiques..., chacun y aura sa place.

-La communauté chrétienne participera à des projets communs, avec des talents qui jusqu'à présent ne trouvaient pas vraiment comment être exploités dans les paroisses. Comment un chrétien chef d'entreprise, écolo, start-uper, doué en couture, en cuisine, engage aujourd'hui son charisme dans les communautés chrétiennes ? Le nombre de prêtre diminuant, cela donnera de la place aux chrétiens laïcs qui ont des idées, qui savent mener des projets. Le prêtre pourra se concentrer sur sa vocation. Les laïcs prendront de nouvelles responsabilités. A l'heure où l'on parle beaucoup de lutte contre le cléricalisme et de responsabilisation des laïcs, "adopte une église" peut ouvrir une voie !


-Les entreprises pourront développer de nouveaux concepts, tester de nouvelles idées, être innovantes, et apporter de l'argent dont les lieux manquent tant !


Si vous voyez d'autres arguments, n'hésitez pas à me les partager !

 
 
 

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